Entrevue avec Nebeyou Abebe, Directeur général Santé & Bien-être chez Sodexo.

Le rapport « Workplace Trends » 2017 de Sodexo vient de paraître et met en évidence dix grandes tendances qui vont structurer notre environnement de travail aujourd’hui et dans les années à venir. Nous avons rencontré Nebeyou Abebe, Directeur général Santé & Bien-être chez Sodexo. Il évoque l’évolution de la notion de bien-être dans l’entreprise.

Selon vous, qu’est-ce que le bien-être au travail aujourd’hui ?

Nebeyou Abebe : Les employeurs, petits et grands, de tous secteurs, font constamment évoluer leur stratégie de santé et bien-être dans une optique très pragmatique : améliorer leurs résultats. Amener les gens à modifier leur comportement n’est pas chose facile. Certaines entreprises y consacrent les investissements nécessaires et disposent du personnel adéquat pour élaborer un programme complet qui permettra d’obtenir les résultats recherchés, et d’autres sont à la peine, pour de multiples raisons. L’approche conventionnelle du bien-être au travail n’est pas viable. S’il est important que les collaborateurs soient en meilleure forme physique, certaines entreprises se tournent vers une approche plus holistique qui intègre la dimension émotionnelle, mentale, spirituelle et financière de la santé des collaborateurs. Il est essentiel d’instaurer une culture de la santé au travail et cette question devrait être au cœur de tout programme consacré au bien-être. À mon sens, pour réussir dans cette démarche, il est nécessaire d’adopter une stratégie globale fondée sur la science, qui place les collaborateurs au centre du dispositif et qui tire parti de la technologie.

Pourquoi est-il si important d’aborder le bien-être sous tous les angles ?

N.A. : Selon Rand Corporation, seuls 13 % des programmes de bien-être au travail sont réellement globaux, raison pour laquelle de nombreuses entreprises n’obtiennent pas de bons retours sur investissement. Pour aborder le bien-être dans sa globalité, il faut aborder l’humain dans sa globalité et s’intéresser à tous les facteurs de stress auxquels les collaborateurs sont exposés. C’est prouvé : une approche globale du bien-être améliore la satisfaction des collaborateurs, leur implication et leur productivité. Pour obtenir leur adhésion et leur permettre de s’approprier et de gérer leur bien-être et leur santé, les employeurs doivent trouver le bon équilibre entre ressources, programmes, outils et technologie. En outre, si l’on considère le temps que les collaborateurs passent désormais hors de leur environnement de travail, grâce au télétravail et aux nouvelles politiques introduisant davantage de flexibilité, il est extrêmement important que les programmes de bien-être débordent des frontières de l’entreprise. C’est là que la technologie peut intervenir : en aidant l’employeur à garder le lien avec ses collaborateurs où qu’ils soient – sur le lieu de travail, chez eux ou en déplacement.

Quelles retombées les employeurs peuvent-ils espérer d’une stratégie globale ?

N.A. : Lorsqu’un programme de bien-être promeut vraiment une meilleure qualité de vie à tous les niveaux pour les collaborateurs, les avantages sont extrêmement nombreux – main-d’œuvre plus impliquée, meilleure productivité, meilleurs taux de satisfaction, fidélisation. Les programmes de bien-être permettent même aux entreprises de se positionner comme employeur de choix, ce qui limite les départs et contribue à attirer les meilleurs talents.

On parle beaucoup de l’impact de l’environnement bâti. Quel est-il sur le bien-être ?

N.A. : Je lisais récemment une étude de la Harvard School of Public Health qui portait sur 109 collaborateurs travaillant dans 10 bâtiments dans cinq villes des États-Unis. L’étude concluait que travailler dans des bâtiments certifiés « verts » allait de pair avec de meilleurs scores pour les fonctions cognitives, une plus faible incidence des syndromes des bâtiments malsains et une meilleure qualité de sommeil. Étant donné les tombées positives que cela peut avoir sur la santé des collaborateurs, je pense qu’un environnement bâti sain devrait faire partie de la stratégie de bien-être de toute entreprise.

Chez Sodexo, qu’est-ce que le bien-être ?

N.A. : L’année dernière, nous avons réalisé une enquête auprès de nos clients. Nous leur avons demandé de quoi ils avaient besoin pour aller plus loin dans leur programme de bien-être. La réponse est simple : d’innovation et de bonnes pratiques. Les clients veulent interagir de façon plus efficace avec leurs collaborateurs afin de les aider à atteindre leurs objectifs personnels en matière de santé et de bien-être et à vivre mieux. Sodexo est fier d’être le leader mondial des Services de Qualité de Vie et a déjà réalisé nombre de recherches pour mieux cerner les implications de cette notion. De par notre cœur de métier – l’expertise en matière de nutrition, de santé et de bien-être – et notre capacité à nouer des partenariats stratégiques avec nos clients et nos parties prenantes, nous sommes en mesure d’élaborer des solutions globales fructueuses en faveur du bien-être des collaborateurs. Si notre réflexion sort du cadre, c’est parce que nous voulons trouver de nouvelles façons d’améliorer nos programmes et services de santé et bien-être afin d’aider nos clients (et nous-mêmes) à atteindre les objectifs visés. Aller de l’avant est une de nos grandes préoccupations et le groupe est prêt à y investir.